Tchad – Massacre de Peuls à Mandakoua : ne laissons pas le sang des innocents attiser la haine
Le massacre de plusieurs dizaines de civils peuls à Mandakoua, dont des femmes et des enfants ravive le spectre d’un conflit intercommunautaire meurtrier. Face à ce drame, l’appel au calme lancé par l’association Tabital Pulaaku Tchad résonne comme un cri de sagesse. Retour sur l’urgence de préserver la paix et rappelle qu’en Afrique, toute flambée de violence communautaire est une tragédie pour tous.
Roufaou Oumarou
5/24/20252 min read
Le mercredi 14 mai, le village de Mandakoua au Tchad a été le théâtre d’un drame d’une rare violence. Plusieurs dizaines d’éleveurs Peuls, tous civils, ont été massacrés sans distinction, y compris des femmes et des enfants. Ce massacre a plongé des familles entières dans le deuil, mais surtout, il fait peser une menace grave sur la stabilité intercommunautaire de la région.
Face à cette tragédie, l’association Tabital Pulaaku Tchad a agi avec dignité et responsabilité. En se rendant sur les lieux pour présenter ses condoléances et soutenir les victimes, elle a surtout lancé un appel courageux et lucide au calme et à la retenue. Cette posture mérite d’être saluée et soutenue.
Car dans un contexte aussi tendu, chaque mot compte. Chaque réaction peut raviver les braises ou les éteindre. La tentation de vengeance est forte, compréhensible même, mais elle serait une impasse. Une guerre déclarée, quelle qu’en soit la forme, ne fera que prolonger la douleur et élargir le champ du malheur.
Les tristes exemples récents de la Centrafrique, du Burkina Faso, du Niger ou encore du Mali sont là pour nous le rappeler. S’attaquer à la communauté peule, en pensant – à tort – que son mode de vie discret, pastoral et souvent nomade la rend sans défense, est toujours un mauvais calcul. L’histoire nous a montré que les Peuls, bien que souvent les premiers visés, possèdent un pouvoir de résilience remarquable. Ils encaissent les premiers coups, parfois dans le silence, mais très vite, ils s’organisent et contre-attaquent. Même s'ils sont minoritaires dans un contexte local, des renforts experimentés et mieux armés viennent vite d'autres pays, parfois moins regardants sur les chaines de fraternités qui existaient localement avant le déclenchement des hostilités.
Malheureusement, ces ripostes, même lorsqu’elles sont motivées par l’instinct de survie et la défense, provoquent inévitablement des morts innocentes dans l’autre camp, enchaînant alors un cycle infernal de représailles. Un engrenage de douleur, de haine, et de destructions, où chaque communauté finit par payer un prix bien trop lourd.
Il faut le dire clairement : aucune communauté en Afrique ne peut attaquer impunément une autre sans risquer d’ouvrir les portes à un chaos généralisé. Dans ces conflits, il n’y a jamais de vrai vainqueur. Tout le monde perd. Les victimes se comptent par centaines, les réfugiés s’entassent, l’économie s’effondre, la confiance disparaît.
Des pays déjà fragiles, où la pauvreté est une réalité quotidienne, sombreraient encore plus profondément. Des enfants innocents seraient privés d’éducation, des femmes de leur sécurité, des hommes de leur dignité.
Ce massacre de Mandakoua doit donc être un point d’alerte, pas un point de rupture. Les autorités tchadienne doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour punir les coupables, régler les conflits latents et stationner des forces suffisantes pour empêcher toute resurgence d'hostilité. Les souverains traditionnels doivent tout faire pour calmer les jeunes.
Nous appelons donc les autorités à faire toute la lumière sur ces crimes. La justice doit être rendue, sans complaisance ni calcul politique. Mais dans l’intervalle, c’est à chaque citoyen, chaque leader communautaire, chaque voix responsable de choisir le chemin de la paix.
Comme l’a rappelé Tabital Pulaaku Tchad, la cohésion sociale est notre bien le plus précieux. C’est elle qui nous permet de vivre ensemble, de construire, d’espérer. Ce n’est qu’en préservant cette cohésion que nous pourrons éviter que Mandakoua ne devienne un symbole de division. Qu’il soit plutôt le rappel douloureux qu’il faut toujours choisir l’humanité.


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