"La paix", grâce à l'opposition et à l'Occident

Dans cette réflexion percutante, Venant Mboua démonte le mythe d’une paix durable attribuée au régime dictatorial de Paul Biya. Il soutient que si le Cameroun tient encore debout, c’est moins grâce au pouvoir que grâce à la retenue morale et pacifique de l’opposition camerounaise, restée fidèle aux principes démocratiques malgré la repression.

CAMEROUN

Venant Mboua

6/9/20252 min read

Le régime de paul biya impose au Cameroun une stabilité de façade, une paix des cimetières. Beaucoup attribuent cette pretendue paix au génie politique de biya. Mais je vous dis une vérité dérangeante: c’est l’opposition politique camerounaise, et non le pouvoir, qui maintient le pays à l’abri du chaos.

Depuis les années 1990, les provocations du régime biya se succèdent : violences policières, fraudes électorales massives, arrestations arbitraires, manipulations judiciaires, campagnes de diabolisation, assassinats politiques. Et pourtant, aucun leader politique d’envergure, de John Fru Ndi à Maurice Kamto, n’a choisi la voie des armes ou de la vengeance, même face à l’humiliation et à la brutalité.

Aujourd'hui encore, ni Kamto ni le MRC n’ont brûlé un bien public, n’ont cassé des vitrines, ni prôné la violence.

Leur engagement reste résolument pacifique, fondé sur le droit et les principes démocratiques, malgré une répression féroce. Leur seule “faute” est de croire qu'ils vont vaincre par la voie des urnes, un régime malhonnête, totalement décomplexé dans l'usage de la fraude et la violence. Il n'y a pas d'État de droit dans un pays qui ne garantit ni justice équitable, ni compétition loyale.

Et pourtant, ailleurs sur le continent, les frustrations politiques débouchent souvent sur des réponses bien plus radicales :

En Côte d’Ivoire, Ouattara, écarté par des lois sur mesure, a soutenu une rébellion armée qui l’a propulsé au pouvoir.

En Centrafrique, la moindre tension politique déclenche une insurrection.

En RDC ou au Congo-Brazzaville, des régimes usent de la violence d’État, mais trouvent face à eux des groupes armés issus de l'opposition ou instrumentalisés par elle.

Au Cameroun, rien de tout cela. L'opposition subit en silence, piégée dans une logique de légalité que le régime méprise. Et si le pays tient encore debout, c’est parce que l’opposition a fait le choix du sacrifice, pas de la guerre.

Et il faut aussi regarder du côté des puissances occidentales. Ni la France, ni les États-Unis, ni le Royaume-Uni, ni même l’Union européenne ne soutiennent activement l'opposition camerounaise (ni politiquement, ni militairement). Pire encore, ces puissances, pourtant si promptes à dénoncer ou même renverser certains régimes autoritaires ailleurs, gardent un silence complice face aux dérives du pouvoir de Yaoundé: pas de condamnation forte, pas de sanctions ciblées, pas de financement parallèle à des groupes d'opposition comme cela a pu se faire ailleurs.

Leur priorité ? La "stabilité" d’un allié vieux mais obéissant, au mépris des aspirations démocratiques du peuple camerounais.

Alors, à ceux qui affirment avec mépris que l’opposition camerounaise est “faible”, il faut poser une question simple : souhaitez-vous réellement qu’elle prenne les armes, comme le fait ce régime dès qu'il fait face à la moindre concurrence ?

Car s’il fallait répondre à la violence par la violence, à l'illégalité par l'illégalité, il y a longtemps que le Cameroun aurait sombré. Mais ce que beaucoup appellent "faiblesse" n’est peut-être que la dernière forme de grandeur morale dans un pays où l’impunité est devenue la règle.

Quelle paix!!

Communiqué de Stand Up for Cameroon
Communiqué de Stand Up for Cameroon