Cameroun : Elimbi Lobé est politiquement et moralement infréquentable
Face aux dérives tribalistes d’Elimbi Lobé et de ses semblables, il est urgent de tracer clairement les lignes rouges. Aucun projet politique sérieux ne peut s'accommoder de discours tribalistes, sectaires, haineux et clivants. L’appel à Maître Akéré Muna de s’en dissocier est légitime et nécessaire. Question d'hygiène politique.
CAMEROUN
Roufaou Oumarou
6/24/20252 min read
Ceux qui, au Cameroun comme dans la Diaspora, appellent Maître Akéré Muna à se distancer clairement et publiquement de M. Elimbi Lobé ont raison. Une telle prise de position n’est pas seulement justifiée — elle est indispensable. On ne peut, en effet, prétendre incarner le Changement dont rêvent les Camerounais, l’éthique politique, le dialogue intercommunautaire et l’unité nationale tout en s’associant, même de manière indirecte, à un homme qui a fait du tribalisme une stratégie, et de la haine identitaire un fonds de commerce. On ne peut pas prétendre offrir une alternative au régime tortio-gérontocratique de Paul Biya et s'enquiquiner avec un tribaliste notoire, qui se permet en plus d'insulter frontalement un Héro National du Cameroun.
Pourquoi ? Parce qu’Elimbi Lobé est devenu, au fil des années, l’un des visages les plus préoccupants du discours ethno-fasciste au Cameroun. Depuis plus d’une décennie, il s’illustre par une rhétorique obsessionnelle et haineuse contre « Allochtones », en particulier les Bamilékés, qu’il présente systématiquement comme les boucs émissaires de ses propres échecs politiques, et plus largement comme responsables de tous les maux de «sa» communauté, notamment dans le littoral. Il généralise, stigmatise, oppose, fracture. Il s’en prend à cette communauté, mais à travers elle, c’est toute la mosaïque nationale camerounaise qu’il met en péril. Ce n’est pas un débat d'appartenance ethno-communautaire ni un débat sur de lutte politique pour l'accès au pouvoir — c’est une question de principes fondamentaux. Celui qui pense que sa haine se limite aux Bamilékés se trompe lourdement.
Le rejet de l’autre pour ce qu’il est, le soupçon permanent envers ceux que l’on qualifie d’« allochtones », l’exploitation politique du ressentiment identitaire : tout cela constitue un poison lent, mais sûr, pour la nation. Ce poison, Elimbi Lobé l’a inoculé à répétition dans le débat public, et continue à le faire. Et même lorsqu’il échoue politiquement — comme ce fut le cas face à Jean-Michel Nitcheu lors d’une élection interne au SDF où il avait joué sans vergogne la carte du tribalisme, lui le bon « autochtone » contre Nitcheu le méchant « allochtone » — il persiste, comme si sa haine était devenue sa seule boussole politique.
On peut débattre, s’opposer, défendre les intérêts de sa communauté ou sa région. C’est légitime. Ce qui ne l’est pas, c’est de faire de l’exclusion identitaire un programme politique. Ce qui est inadmissible, c’est de présenter un groupe entier comme responsable de tous les malheurs des autres. Ce qui est dangereux, c’est d’encourager la suspicion intercommunautaire dans un pays aussi divers que le Cameroun.
Ceux qui banalisent ou relativisent les propos d’Elimbi Lobé — qu’ils soient Bamilékés ou non — commettent une lourde erreur. Aujourd’hui, il s’en prend aux Bamilékés. Demain, il trouvera une autre cible. Le discours de haine ne connaît pas de limite. Il s’étend, il contamine, il dévore.
C’est pourquoi j’appelle à une position claire et sans ambiguïté. Il est du devoir de tout homme ou femme politique qui se réclame de l’unité nationale, de la paix et du vivre-ensemble, de tracer une ligne rouge morale : on ne collabore pas avec un promoteur de haine ethnique. Maître Akéré Muna, avocat international, figure respectée de la société civile et de la lutte pour la bonne gouvernance, ne peut se permettre une telle compromission.
Le Cameroun n’a besoin ni de pyromanes identitaires qui le transformeraient en une poudre identitaire mortelle, qui nous explosera un jour à la face avec des conséquences incalculabes. Il a besoin de bâtisseurs conscients de leur responsabilité devant l'Histoire.
Roufaou Oumarou, Membre de la Diaspora Camerounaise et Membre du Shadow Cabinet du SDF
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