Adamaoua : un plan agropastoral durable pour relancer l’élevage

Face à une précarité généralisée dans le secteur de l’élevage pastoral au Cameroun, un nouveau plan de développement ambitieux a été présenté à Ngaoundéré le 31/05/2025. Il vise à transformer durablement le quotidien des éleveurs et à valoriser un potentiel longtemps négligé.

CAMEROUN

Roufaou Oumarou

6/3/20252 min read

Ngaoundéré, Cameroun — Dans la région de l’Adamaoua, où l’élevage pastoral constitue un pilier de la vie économique et sociale, la précarité s’est installée durablement. C’est à cette réalité préoccupante qu’entend répondre le Plan de Développement Agropastoral Durable (PDAD), présenté à Ngaoundéré lors d’une rencontre rassemblant les acteurs du secteur.

Le PDAD est porté par l’APESS (Association pour la Promotion de l’Élevage au Sahel et en Savane), une organisation engagée de longue date dans la défense des intérêts pastoraux et qui travaille avec d'autres partenaires privés, comme la Fédération Interdéveloppement et la Paix (FID). Il s'agit donc d’un partenariat privé-privé inédit qui mise sur l’efficacité, la responsabilité partagée et la proximité avec les bénéficiaires.

Les enjeux sont considérables. Une étude nationale récente financée notamment par la Fédération Interdéveloppement et la Paix (FID), et menée auprès de plus de 600 éleveurs révèle un tableau alarmant : précarité généralisée, revenus insuffisants, insécurité alimentaire chronique, accès difficile aux marchés, à la santé et à l’eau. « Les familles pastorales ne tirent pas de leurs activités les revenus nécessaires à leur survie », résume le Dr Marcel Ndongo, consultant du projet.

À cette situation déjà fragile s’ajoutent les conflits fonciers, la pression sur les ressources naturelles, et une insécurité croissante, notamment marquée par des enlèvements d’éleveurs contre rançon. Tous ces facteurs ont contribué à désorganiser un secteur autrefois florissant.

Mais un tournant est peut-être en cours. Le PDAD, qui vise à mobiliser plus de 74 milliards de FCFA pour son financement, entend transformer structurellement le secteur : réorganisation de la filière, soutien direct aux familles d’éleveurs, accès élargi aux marchés régionaux et valorisation durable des ressources locales..

Pour Alhadji Abbo Ahmadou, président de la FID, ce plan vise à replacer les éleveurs « dans le rendez-vous de ceux qui décident du destin du monde ». Il s’agit, au-delà du développement technique, de restaurer la dignité et la place des pasteurs dans l’économie nationale et régionale.

Dans une déclaration marquante, Monsieur Abdoulaye Nana, Vice-Président de l’APESS, a dénoncé l’aberration économique actuelle :

« Ici à côté, au Gabon et en Guinée équatoriale, on mange de la viande venant du Brésil. Quel gâchis ! Alors que nous avons non seulement des têtes de bétail, mais un potentiel bien plus important. Il nous suffit d'en profiter, de nous organiser et de saisir les opportunités. »

Le PDAD s’inscrit dans une nouvelle dynamique d’action concertée, misant sur la proximité avec les éleveurs, l’initiative privée et la responsabilité partagée. Il ambitionne de complémenter les efforts publics existants par une approche pragmatique, orientée vers des résultats concrets sur le terrain et portée directement par les acteurs du secteur.