10ème Chroniques du Hajj : la Kaaba sera détruite
Dans cette 10ᵉ chronique du Hajj, Abdoulaye Amadou explore une vérité troublante mais attestée dans les sources islamiques : un jour, la Kaaba sera détruite. À travers les hadiths et les épisodes historiques d’interruption du Hajj, il rappelle que l’accomplissement de ce pilier n’est jamais garanti. Un puissant appel à saisir l’opportunité du pèlerinage tant que les conditions sont réunies.
CHRONIQUES DU HAJJ
ABDOULAYE AMADOU
6/8/20253 min read
Oui, un jour viendra où la Kaaba sera détruite
Cela a été mentionné dans plusieurs hadiths, qui précisent même l’identité de celui qui la détruira.
Dans les Sunan d'Ibn Majah (4036), le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit :
« Il viendra un Éthiopien aux jambes grêles qui détruira la Kaaba pierre par pierre. »
Et dans le Musnad d'Ahmad (10898), il a également dit :
« Comme si je voyais un homme noir, chauve, avec deux mèches de cheveux (ou : aux tempes dégarnies), frapper la Kaaba avec une pioche. »
Un signe majeur de la Fin des Temps
Quand aura lieu ce triste événement ?
Selon les savants Ibn Kathir (dans An-Nihaya) et Al-Qurtubi (dans At-Tadhkira), il s'agira d'un signe majeur de la Fin des Temps. Certains ajoutent que cela se produira après l’avènement du Mahdi et le retour du prophète Issa (ʿalayhi salam - que la paix soit sur lui).
La Kaaba a déjà été attaquée dans l’Histoire
Bien que cette perspective puisse être effrayante, n’oublions pas que par le passé, la Kaaba a déjà connu des attaques entraînant parfois des destructions partielles, avec pour conséquence l’interruption du Hajj :
Premier siège de La Mecque (683 ou 684) : Durant la deuxième guerre civile islamique (Fitna), la Kaaba a subi d'importants dommages. L'armée omeyyade, assiégeant La Mecque alors tenue par Abd Allah ibn az-Zubayr, a utilisé des catapultes. La Kaaba fut touchée par des projectiles enflammés et prit feu, endommageant sa structure et la Pierre Noire. Abd Allah ibn az-Zubayr entreprit alors sa reconstruction, en modifiant légèrement ses dimensions originelles.
Second siège de La Mecque (692) : Al-Ḥadjdjâdj ben Yûsuf, à la tête de l’armée omeyyade, assiégea de nouveau La Mecque. Il bombarda la ville avec des catapultes, causant une fois de plus des dommages à la Kaaba. Après sa victoire, Al-Ḥadjdjâdj fit reconstruire la Kaaba, la ramenant aux dimensions qu'elle avait avant la reconstruction d'Ibn az-Zubayr, sur ordre du calife Abd al-Malik ibn Marwan.
En 930, les Qarmates (une secte ismaélienne) attaquèrent La Mecque, massacrèrent des pèlerins et volèrent la Pierre Noire (qui ne fut restituée qu'en 952). En conséquence, le Hajj fut perturbé pendant près de 20 ans, avec des périodes où il fut annulé ou très limité.
En 1626, de fortes pluies et une inondation causèrent l'effondrement de trois des quatre murs de la Kaaba. Elle fut ensuite reconstruite sous le règne du sultan ottoman Mourad IV en 1627.
Le Hajj interrompu pour des raisons sanitaires ou politiques
En outre, on note également qu’au cours de l’histoire, le Hajj a été interrompu partiellement ou totalement pour des raisons d’insécurité ou d’épidémie :
Première et Deuxième Guerre mondiale : perturbations causées par les combats et les restrictions de voyage.
Épidémies majeures :
1814 : Épidémie de peste empêchant de nombreux pèlerins de venir.
1837-1892 : Épidémies répétées de choléra, notamment en 1865 et 1883.
1892 : Épidémie grave de choléra ayant entraîné la suspension temporaire du Hajj par l’Empire ottoman.
2020-2021 : COVID-19 ; en 2020, seuls 1 000 à 10 000 pèlerins locaux furent autorisés, puis environ 60 000 résidents d'Arabie Saoudite en 2021.
Une opportunité qui n’est jamais garantie
Ces rappels historiques convergent vers une vérité essentielle : l'opportunité d'accomplir le pèlerinage n'est jamais acquise définitivement.
La capacité de se rendre sur les Lieux Saints – jouir de la santé, disposer des moyens financiers et matériels, et bénéficier de la sécurité nécessaire pour entreprendre ce voyage sacré – est une bénédiction dont la pérennité ne nous est pas garantie.
Un appel à répondre sans tarder à l’invitation divine
Nul ne sait ce que l'avenir réserve, que ce soient les grands bouleversements prédits ou les imprévus plus immédiats de nos vies et des affaires du monde.
Ainsi, pour le musulman et la musulmane qui en remplissent les conditions, repousser l'accomplissement de ce pilier fondamental de l'Islam, en se disant "plus tard" ou "l'année prochaine", revient à naviguer dans l'incertitude, risquant de voir cette porte se fermer par des circonstances indépendantes de leur volonté.
C'est pourquoi il est plus que sage, c'est un acte de prévoyance spirituelle, de répondre à l'appel d'Allah avec empressement lorsque la capacité nous en est donnée.
Car l'invitation divine est précieuse, et le temps pour y répondre peut être plus compté que nous ne l'imaginons.
Puisse Allah faciliter le chemin à tous ceux qui aspirent à visiter Sa Maison Sacrée.
ABDOULAYE AMADOU
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